A tout seigneur, tout honneur. Emile Straus grand passionné de cartes postales et fondateur de l’International Poste Carte Club (ou IPCC), nous initie aux cartes d’art et d’illustrateurs à travers ces lignes publiées dans la revue La Critique :
La Critique n°69 du 5 Janvier 1898 :
Cartes postales illustrées :
A propos des Cartes Postales Illustrées dont nous parlions récemment pour signaler le début de l’IPCC (International Poste Carte Club) première association française de collectionneurs (7 rue Pierre le Grand, Paris) voici des chiffres qui montrent l’engouement du public Allemand. On a vendu l’an dernier 36.000 cartes postales « MIT ANISCHTEN » au Château d’Heidelberg, 128.000 au monument de la Germania à Rudesheim, 148.000 au monument historique du Kyffhenser !
La Mode des cartes postales illustrées a pris une telle extension que l’on vient d’en faire à Leipzig, à Berlin, à Munich, à Stugart, des expositions spéciales. Celle de Leipzig réunissait plus de dix mille séries différentes, comprenant chacune dix ou douze spécimens ! De même que pour les affiches qu’ils dédaignèrent au début, les artistes se sont peu à peu mis à la disposition des éditeurs.
En Belgique, M. Gilbert Combaz, MM. Henri Meunier et Henri Cassiers ont composé des séries attrayantes de carters-postales. Le premier a traité la femme sportive au cours des saisons, le second a évoqué, en douze vignettes, les sites les plus pittoresques de la Hollande. Une collection de « costumes de Hollande », complètera la suite des « vues pittoresques ». Du même peintre, une joyeuse théorie de moulins et de bateaux en bleu et blanc intitulée DELFT. Ces cartes sont éditées par MM. Dietrich et Cie, qui mettront en vente, dans la quinzaine, douze cartes nouvelles composées par Henri Meunier sous le titre : « le symbole des fleurs ».
En Allemagne, véritable paradis du collectionneur et berceau de cet art gracieux, les plus récentes sont inspirées par les évènements de Kiao-Tcheou et le procès Zola.
Signalons en sus des cartes postales reproduites dans l’intéressant livre de M. John Grand-Carteret : L’affaire Dreyfus et l’Image, la carte intitulée « une comédie au 19ème siècle » et l’amusante série de la Dame voilée (Krotoschin éditeur, Goerlitz) les images strasbourgeoises de Laskowski et les splendides cartes dessinées pour Jugend par notre éminent collaborateur Hans Christiansen.
Les cartes postales inspirées par la mort de Bismarck n’ont pas encore paru.
La Critique fera l’échange de ses trois cartes postales illustrées par Jossot, Misti et Bradlet, avec les collectionneurs qui le désireront et les enverra sous enveloppe, contre timbre-poste de 15 centimes, à toute personne qui en fera la demande, à titre de propagande.
Signé : l’iconophile.
La Critique n°83 du 5 Août 1989 :
International Poste Carte Club : IPCC, sous ce titre d’aspect hermétique, s’élabore la première association française de collectionneurs de cartes postales illustrées. Cette cohésion des goûts pour la coordination des efforts est la résultante logique de la propension à un art, unissant, en un tout harmonieusement conjugué, la passion pour l’icône, la philatélie et l’autographe.
Cette société qui a déjà recueilli de précieuses adhésions dans le monde iconophile et intellectuel, aura pour mobile le développement intégral de la cartoline illustrée française et l’échange international. L’IPCC publiera annuellement pour ses seuls membres, hors commerce et tirage limité, douze cartes postales imaginées par les maîtres de l’art nouveau, entre autres : MM. Hans Christiansen, Marc Mouclier, Couturier, Léon Lebègue, Misti, Jossot, Pierre-Eugène Vibert, Henry Detouche,… La Société publiera aussi un Bulletin envoyé gracieusement aux membres, destiné à favoriser les échanges, relater les progrès et faire l’exégèse de cette science nouvelle. La cotisation sera minime. Renseignements et siège provisoire : Emile Straus, 7 rue Pierre le Grand, Paris.
Edit du 30/09/2015 :
N.B. : Notre ami et très éminent cartophile Xavier Languy de Bruxelles, nous fait observer qu’Emile Strauss a commis une confusion en attribuant à Gilbert Combaz la série « Les Femmes Sportives ».
En fait, il s’agit de Vincent Mignot pour la série « les sports » publiée chez l’éditeur Dietrich et Cie à Bruxelles. (Voir le site : cartophilie.be).
Nul n’est à l’abri d’une coquille, d’un oubli, d’une erreur d’interprétation. Surtout en 1898, date où ces lignes furent publiées. Dans ces années qui ont vu la naissance de la cartophilie, l’auteur s’est peut-être laissé porter par son enthousiasme. Peut-être n’avait-il pas sous les yeux la série complète avec sa pochette, d’où sa dénomination des « femmes sportives » ? Il n’est pas impossible qu’il ait corrigé son erreur dans les numéros suivants de « la Critique » que nous n’avons pas pu tous consulter. En revanche, sur le fonds de sa démarche, on ne peut que le féliciter d’avoir mis en évidence la production de l’éditeur Dietrich à Bruxelles pour le talent remarquable de ses artistes.
Un grand merci à Xavier Languy pour la précision de sa remarque.
cartes postales artistiquestémoignage
Languy
1 19 septembre 2015Cet article remet en cause notamment le livre sur Combaz qui place les séries de Combaz en 1898 et 1900.
L’auteur se base sur le livre des comptes manuscrit de Combaz avec 240 Francs reçus pour les Elements en avril 1898 et 250 Francs la mer en septembre 1898 et 250 pour les devises en juillet 1900. Combaz se faisait donc payer quelques mois après l’éditions des cartes (en tout cas pour la première série)
X. Languy