Nous savons déjà que la consultation d’une collection de cartes postales ne peut être qu’enrichissante pour la culture générale à l’égal d’une encyclopédie d’images. On découvre dans le n°296 du 20/10/1904 de la Revue hebdomadaire illustrée des Armées de Terre et de Mer, un usage à la fois pédagogique et patriotique des cartes postales à sujet militaire, démontrant que ces modestes rectangles de carton ne laissaient personne indifférent.
« D’aucuns attribuent aux Allemands la création de la carte postale ; leurs soldats s’en seraient servis en France, pendant la guerre 1870-1871, pour donner de leurs nouvelles à leurs parents et aussi tout en satisfaisant leur curiosité.
Nous n’avons aucune raison de suspecter cette origine assez vraisemblable d’ailleurs ; mais, dans tous les cas, il faut admettre sans réserve que la carte postale illustrée a inondé le monde entier. On en trouve partout, dans les rues, les magasins, les gares, les wagons, sur les bateaux et les montagnes les plus élevées. Partout elle triomphe, et c’est justice ; car elle déploie une ingéniosité sans pareille pour s’adapter à toutes les situations de la vie pratique et pour se faire l’auxiliaire complaisante du touriste ou du voyageur.
Certaines, comme en Allemagne, contiennent en outre des illustrations locales, tout un questionnaire qu’il suffit de remplir au crayon et de jeter dans la première boite venue pour renseigner les siens et satisfaire leurs goûts de collectionneurs.
Sans doute, la carte postale en tant qu’élément de vulgarisation, fera plus pour la communion des peuples et la paix universelle que tous les Congrès réunis. Au reste, son emploi n’est pas négligé dans certains régiments de l’armée Française où les Chefs de corps, avisés, la font servir à apprendre aux soldats les à-côtés de l’histoire se rapportant aux victoires inscrites sur les drapeaux, ou encore à commémorer certains faits d’actualité qui font époque dans la vie militaire d’un homme de troupe.
Ainsi, il n’est pas un soldat du 1er bataillon de chasseurs à pied qui n’emporte dans ses foyers un certain nombre de cartes postales illustrées d’après des scènes vécues au corps.
Ces tentatives méritent d’être encouragées. »
Quand les spécialistes de la Grande Muette se mettent à exprimer leur avis, ils ne manquent pas de nous surprendre ! Surtout en avançant que les cartes postales feront plus pour « la communion des peuples et la paix universelle que tous les Congrès réunis ».
Quel bel hommage à l’objet de notre passion, et quelle défiance vis-à-vis des représentants du pouvoir politique !
Ce que l’auteur du texte ne dit pas c’est que les cartes postales probablement les plus appréciées par les bidasses pour « commémorer certains faits d’actualité qui font époque dans la vie militaire d’un homme de troupe », étaient probablement les cartes postales du « Père Cent », et celles célébrant « la Quille » (voir l’exemple ci-dessous).
témoignage