Voici quelques exemples de cartes postales pour paresseux (à cocher, souligner ou pré-remplies).
Rédiger le texte d’une carte postale même bref, peut sembler laborieux à certaines personnes. Sur la majorité des cartes anciennes la correspondance est souvent réduite à sa plus simple expression.
Que nous disent à ce sujet les observateurs de l’Âge d’Or ?
Voici une fois de plus l’occasion de parcourir un article paru dans Le FIGARO du mardi 31 août 1910, sous la plume d’un certain Jean MAREILLES. Intitulé :
Au bonheur des gens pressés ou en manque d’inspiration
Automatic-StyleA la mémoire de Mme De Grignan.
- Je vous enverrai des cartes postales !
Voilà la seule promesse dont se sent capable encore, à l’instant du départ, le voyageur contemporain. Des lettres, promettre des lettres, n’est-ce pas ? Il n’y faut pas songer : des lettres, c’était bon à l’époque des diligences. Notre siècle, avide d’appliquer la fameuse loi « du moindre effort », inventa donc la carte postale illustrée. Mais ce n’était pas son dernier mot.
La carte illustrée, sans en avoir l’air, impose encore bien des fatigues. D’abord, il faut la choisir, cette carte, à l’étalage du petit marchand qui nous en offre une variété si considérable, et qui paraissent toutes si tentantes ! Entre elles, il faut se décider. Il faut préférer, consulter son propre goût et le souvenir que l’on a des goûts du destinataire. Tel aura un faible pour les reproductions de tableaux, telle autre une prédilection pour les vues de paysages. D’autres considérations se présentent. Parfois, le choix et l’envoi d’une certaine image, rencontrée par bonheur à la vitrine du petit marchant, constituera, entre gens qui se connaissent et se comprennent bien, une sorte de langage muet, symbolique, subtil…
Et ce n’est pas toujours si commode, la subtilité !
Or, ce n’est pas tout. Cette première opération terminée, qui a encore son charme (flânerie, hésitation, découverte, surprise, décision, satisfaction), il en reste une autre, et qui est terrible !
Cette carte que vous venez d’acheter, encore faut-il que vous traciez l’autographe essentiel sur l’espace blanc si perfidement réservé à la « correspondance ».
Là, le supplice commence, et sans la moindre illusion de récompense finale, cette fois ! Qu’il est à la fois petit et grand, cet espace ! … Comment le remplir ? Ça ne vous a que dix centimètres carrés, – pas même – , et c’est comme un gouffre béant…
A cet instant d’angoisse, j’ai vu, j’ai entendu des fanatiques de la carte postale illustrée s’écrier, de la meilleure foi du monde : « Ah ! Quelle chance ils avaient autrefois, au temps des vraies lettres… Au moins, alors, ils savaient quoi dire ! »
On le sait encore. Mais c’est plus restreint, assurément. On parlera du voyage qu’on a fait, du temps rencontré sur les sommets que l’on explore, et de la qualité de l’hôtel, on plaindra ceux qui sont retenus à Paris, par leurs soucis ou leurs affaires, et qu’on rejoindra, d’ailleurs, bientôt. Si l’on ne doit pas revenir très vite, on ajoutera avec aplomb : « Vous voyez, je ne vous oublie pas. Que devenez-vous ? Écrivez-moi en me donnant beaucoup de détails… »
Là, c’est fini. On colle des timbres, avec un soupir. Ce n’est pas brillant, ce qu’on a su trouver. Enfin ! L’autre – celui qui est là-bas – est habitué : cette carte postale lui portera (c’est tout ce qu’il faut) la preuve qu’on ne l’a pas oublié ; et il a trop d’esprit pour ignorer que l’originalité de la pensée, non plus que celle du style, ne se gaspille point sur des cartes postales !
Tout cela n’empêche pas qu’on s’est donné vraiment beaucoup de mal. Beaucoup trop de mal, surtout, pour un si piètre résultat, et dont nul ne nous saura gré. Voilà ce que pense l’expéditeur en jetant, mécontent, dans la boite aux lettres de rencontre, les vingt ou trente carte postales que son souci du devoir d’amitié l’a contraint de « remplir ». Il a fait sa tâche, sans connaître pourtant la joie que donne toujours, – dit-on –, une conscience en règle. Maudissant définitivement la « carte postale illustrée », il songe qu’on pourrait trouver mieux…
C’est ce que s’est dit, de son côté, un psychologue avisé, qui se pique de connaitre les besoins de l’âme moderne. Cet honnête homme a observé combien ces besoins sont, en somme, simples et peu nombreux ; il a décidé de venir en aide à son prochain, il n’y a pas d’exemple – n’est-il pas vrai ? – que l’on n’y parvienne… Cet homme charitable et spirituel y est parvenu à la perfection.Grâce à la « carte postale instantanée », dont nous reproduisons ci-dessus le fac-similé authentique, merveilleux, indiscutable, plus besoin de se mettre martel en tête ! Premièrement le voyageur ne connaitra plus le fameux « embarras du choix » entre les cartes postales illustrées et variées, qui menaçaient naguère notre liberté d’indifférence et devaient procurer à nos correspondants lointains la vision imaginaire des contrées traversées par notre personne : plus d’image, partant plus de choix ! Mais ce n’est rien encore. Plus de remords ! Voilà ce qui est beau. Non, désormais, on ne se reprochera plus à soi-même de manquer de talent dans l’art de « carte-postaliser ». Le talent, la condition pour n’en pas avoir, c’est que les autres en aient, évidemment ? Or, personne n’en aura plus. C’est cela qui va tout simplifier !
Cette magnifique invention d’un philanthrope anonyme marque en vérité, comme on dit, une phase importante – la dernière ou tout au moins, l’avant-dernière – dans l’évolution de l’art de correspondre. Cet art, – on ne l’a pas oublié – avait, dans les temps très anciens, engendré la lettre (style dit épistolaire). A la lettre succéda, de nos jours, la carte postale illustrée (style télégraphique). Aujourd’hui, la carte postale instantanée ouvre l’ère de « l’automatic-style », dont la supériorité est de rendre accessible à tous le secret des nobles pensées et du beau langage, attendu qu’il sera désormais loisible à chacun d’« écrire », – comme les illettrés se bornaient jadis à signer – au moyen d’une croix…
De quoi demain sera-t-il fait ? Et notre postérité, que pourrait-elle bien inventer de plus simple, sinon de ne plus « correspondre » du tout ? Eh ! Mais, ce ne serait peut-être déjà pas si bête.
Pour répondre à la question ; « de quoi demain sera-t-il fait ? » nous avons plus d’un siècle plus tard de nombreuses réponses.
Après la carte Correspondance Instantanée, voici une variante qui circule en 1911, c’est l’EXPRESS-CARTE de l’éditeur H.K.O. Vous noterez que subsistent quelques images et la devise « TIME IS MONEY ». L’expéditeur doit quand même savoir lire et écrire car il doit compléter les formules pré-imprimées, voir ci-dessous :
Pour les touristes de langue Anglaise, ou pour les Suédois eux-mêmes qui seraient en manque d’inspiration, voici une carte de Stockholm qui va les tirer d’embarras. Il suffit de rayer les mentions inutiles, ce qui n’est pas trop compliqué. Merci à l’éditeur HARTMANS KURTFORLAG A.B. à Uppsala (Suède).
Si vous avez décidé de découvrir de jolis paysages Français, et que vous explorez le département des Deux Sèvres, l’éditeur « F.L. » vous propose cette carte postale d’Argenton l’Église, où on peut se contenter de souligner le mot désiré, mais aussi de choisir parmi des noms d’animaux lequel conviendra le mieux à son destinataire.
En vous rendant au Luxembourg vous ne serez pas trop déconcerté, car l’éditeur E-A SCHAACK met à votre disposition cette vue typique et pour correspondre vous pouvez faire une croix aux endroits désirés.
Revenons en France dans le département de la Somme. Nous voici en vacances à Cayeux en 1960. En détectant les croix, on peut apprendre que Cayeux est charmant, chaud, familial et agréable. Et en plus on vous envoie des baisers ! Merci à l’éditeur ARTAUD Père et Fils à Nantes.
Si l’on se transporte sur la Côte d’Azur, nous découvrons un autre style de carte intitulée : Carte Postale pour gens pressés ! Défense de rire ! Il faut croire que les touristes n’ont pas de temps à perdre. Pour leur venir en aide, voici une carte de la Compagnie des Arts et Photomécaniques 44 rue Letellier à Paris (15ème) qui résume parfaitement la situation. Avec l’avantage de vous adresser 1000 baisers ! Quand on est pressé cela prend pas mal de temps quand même !
Notre voyage nous entraîne en Suisse à Lausanne-Ouchy, en 1973 comme le précise le cachet de la poste, sur cette carte de l’éditeur JAEGER et Cie à Genève. L’expéditeur de cette carte n’a même pas pris le temps de « souligner ce qui convient » comme le propose le mode d’emploi. Peut-être y avait-il le feu au lac et a-t’il dû partir trop rapidement.
En 1983, grâce à l’édition du Vieux-Chouan à Fromentine en Vendée, nous survolons Sion sur Océan. On nous demande de souligner les mentions utiles. L’expéditeur de cette carte a préféré rayer rageusement tout ce qui ne lui convenait pas. Ce qui en définitive demande plus d’efforts qu’un simple trait léger. Tout ceci n’est pas grave car il nous envoie une bise et si nous n’avions pas bien compris, qui plus est, il nous embrasse !
En 1994, voici une carte postale des éditions Thouand à Biarritz qui présente un défi supplémentaire. Non seulement on se limite à faire des croix dans les cases désirées, mais en plus on ne signe que de ses initiales et le destinataire doit deviner qui vous écrit de la Côte Basque ? Dans le cas présent il s’agit d’une expéditrice qui donne comme indices : je vous envoie des bises affectueuses, un amical souvenir, des tendres pensées et un bonjour fraternel. Que demander de plus ?
Et maintenant allons goûter les joies des sports d’hiver à la Station des 2 Alpes avec cette carte des Editions ANDRE à Grenoble, rédigée en quatre langues Français, Anglais, Allemand et Italien. Pour celles et ceux qui n’en connaitraient aucune, encore plus simple : il suffit de faire une croix sous les petits dessins figurant à droite.
Pour finir nous vous présentons une carte de l’éditeur Combier à Mâcon dont nous n’avons pu lire le cachet de la poste. Mais comme le précise cette carte la date est « sans importance ». Présenté sous forme télégraphique, l’expéditeur n’a même plus à faire de croix, rien à souligner, tout est dit en quelques lignes, il n’y a plus rien à ajouter. En dépit de son apparente banalité, cette carte témoigne d’une époque où les vacances étaient quand même un moment privilégié et que l’on souhaitait partager son bien être avec sa famille et ses amis à l’aide de ce message sympathique.
J’hésite à signer en faisant une croix.
carte postalecartes postalescorrespondance
K.M. Kiefer
0 27 décembre 2018Merci cher monsieur!
Je suis si heureuse d’avoir ton emails merveilleux…so I am trying in french..but……. i am so happy to be on your mailing list ..the mysterious carte postal ancien..ne? I love them !
Their rich perfume of words and feelings and thoughts and writing, cursive, touched by human hand,
The ancient addresses that are no more and photographs of places forever changed!
Merci encore Monsieur!
Bonne Annee!
Nothing but the best for you and all the others on your list in 2019!
Deflandre Christian
0 28 décembre 2018Thank You of your interest for the post card Museum ans Happy New Year.
NANCEY
0 4 janvier 2019Je lis avec plaisir et intérêt vos articles thématiques.
Je vous souhaite une année 2019 aussi riche d’idées, de thèmes et de découvertes que les précédentes.
JN