Le Temps des révoltes par Anne STEINER, Édition l’Échappée : 23 rue Voltaire PARIS 75011.
C’est le genre de livre qui doit tout aux cartes postales anciennes, à la patience d’un collectionneur et aux travaux de recherches de son auteur.
Je me souviens d’avoir, à la fin des années 1960, rencontré au marché aux puces, quelqu’un qui était pour moi à l’époque « un vieux monsieur », Georges BOSSI : « Si vous avez des cartes sur les grèves et les manifestations, ça m’intéresse » me dit-il. C’était l’époque où Internet n’existait pas. Les collectionneurs de cartes postales se levaient de très bonne heure pour arpenter les puces et découvrir des albums de cartes postales, que ne prisaient que fort peu de gens. La démarche de Georges BOSSI me paraissait bien insolite, sachant que les cartes auxquelles il s’intéressait étaient déjà peu courantes. D’autant plus, quand elles émanaient d’éditeurs de province, où même à leur parution, elles n’étaient destinées qu’à une population locale et par conséquent à faible tirage et à diffusion artisanale.
Ajoutons que les luttes sociales en tous genres constituaient la face sombre de ce qu’on appellera plus tard la Belle Époque. Les cartes éditées dans ces circonstances, une fois les évènements passés, sont devenues rapidement démodées et très vite concurrencées par de nouveaux évènements, tels que des fêtes diverses, meetings d’aviation, exploits sportifs. Par un penchant naturel, le grand public conservait plus volontiers la trace des évènements heureux que malheureux.
Les cartes qui illustrent « Le Temps des Révoltes » sont donc un florilège de raretés, d’instants saisis sur le vif, pétries d’émotions et d’humanité. Pour le texte, Anne STEINER a fait un travail remarquable de recherches qui permettent au lecteur de comprendre et de partager les instants de vie qui figurent sur les cartes postales, ainsi resituées dans le contexte de l’époque.
C’est un ouvrage qui fait la démonstration de l’incroyable valeur documentaire que recèlent les cartes postales à une époque où les autres médias ne diffusaient que peu d’images.
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