Pour désigner les cartes postales produites de 1920 à 1975 on emploie le qualificatif de « semi-moderne ».
La plupart des auteurs spécialisés dans les études cartophiles s’accordent pour dire qu’il s’agit du « purgatoire » de la carte postale. Il est exact qu’à cette époque la qualité d’impression va en se dégradant. On réutilise des clichés ayant déjà beaucoup servis. On imprime des carnets de 10 ou de 20 cartes à détacher (suivant le pointillé) en ne cherchant qu’à obliger l’acheteur à acquérir 10 ou 20 cartes à la fois. On ne privilégie que la quantité sans se soucier de la qualité.
L’héliogravure et la simili gravure se généralisent et le résultat de ces techniques d’impression est souvent moins précis ou moins séduisant que celui obtenu par la phototypie.
En bref, les éditeurs artisanaux de l’Âge d’Or disparaissent peu à peu, laissant place à une production de masse, qui ne vise qu’à imposer un objet standardisé, la créativité étant réduite à l’effort minimum.
Ce phénomène s’observe surtout en ce qui concerne les sites dits « touristiques » les plus fréquentés, où le visiteur ne fait que passer. On sait que d’une façon quasi obligatoire il va acheter des cartes pour « prouver » à ses amis et relations qu’il était bien sur place. Dans ces conditions, le touriste ne se préoccupe que fort peu du contenu artistique de ces cartes postales.
On peut sans trop se donner de mal, se constituer une belle collection des cartes les plus moches de cette époque, insuffisamment ou trop encrées, surchargées d’improbables couleurs dans les teintes à l’aspect de vomi,…
Voilà pourquoi on parle de période « purgatoire » de la carte postale.
Cependant on aurait tort de rejeter le bébé avec l’eau du bain. Car, même en cette période de disgrâce pour la production cartophile, on peut découvrir ça et là, quelques petits joyaux, rares bien sûr, mais de petits joyaux quand même.
Tout d’abord de 1920 à 1975, en dehors des vues purement touristiques, de nombreux et talentueux illustrateurs ont produit des cartes d’une haute teneur artistique.
Car le qualificatif de « purgatoire » ne s’applique uniquement qu’aux vues de sites, monuments et autres lieux à forte fréquentation. En revanche, les cartes postales dites d’illustrateurs ne cesseront de générer une production d’excellent qualité, notamment dans le style « art déco » qui tire son nom de l’Exposition des Arts Décoratifs qui s’est déroulée à Paris, en 1925.
Les meilleures de ces créations d’artistes Français ou Italiens se situent dans la période du « purgatoire ». Il en est de même d’un Francisque POULBOT ou d’une Germaine BOURET, créateurs on ne peut plus populaires, dans des genres tout à fait différents. Le premier rend compte de la misère de l’enfance au quotidien, la seconde célèbre les jeux d’enfants et le bonheur familial. Dans le genre humoristique les cartes postales d’Albert DUBOUT connaîtront un franc succès. Mais il est impossible de citer ici tous les illustrateurs ayant produit d’excellentes cartes dans la période dite de « purgatoire ».
Dans le domaine de la « carte vue » certains photographes vont s’appliquer à fournir des clichés d’une qualité nettement supérieure.
Les photographes « pilotes opérateurs » qui possédaient le double talent de piloter l’avion et de réaliser des photos, permettaient à leurs employeurs de faire des économies de personnel. Certains d’entre eux signaient leurs clichés. Ce fut le cas pour R. Henrard pour le compte des éditions « La Cigogne », 74 rue aux Ours à Rouen. M. Chevret réalisera de nombreux clichés pour une série intitulée « La France vue du ciel » aux éditions Dubray à Conches (27190). Michel Le Collen « pilote photographe » basé à l’aéroport de Bordeaux, et Ray Delvert travailleront pour l’éditeur Artaud à Nantes.
L’un des plus gros concurrent de l’éditeur Combier furent les éditions Lapie, 125 rue Garibaldi à Saint Maur qui fournirent de nombreuses cartes postales de vues aériennes.
Pendant de nombreuses années, les collectionneurs ont boudé ces cartes postales. Probablement à tort, car pour des localités de petites ou moyenne importance, elles constituent un excellent témoignage de la modification ou de l’extension du paysage urbain.
A l’époque où elles furent diffusées, plus personne ne collectionnait les cartes postales, et leur format 15 x 10 cm ne facilitait pas leur rangement dans les albums traditionnels. Enfin, s’agissant de photos dites « au bromure industriel », leur conservation s’avère plus délicate que celle des cartes en phototypie.
Il faut noter que ce genre de cartes postales portait souvent la mention « photo véritable » ou « tirage au bromure », comme pour bien marquer une nette différence avec la production des autres éditeurs, qui, à en croire cette inscription, ne produisaient pas des photographies mais de quelconques ersatz !
La production des cartes postales en « vues aériennes » a été stoppée, le jour où les autorités en charge de la sécurité des habitants des villes et des villages survolés, se sont avisées, qu’en cas de panne, de défaillance humaine ou mécanique provoquant la chute d’un avion, on risquait de nombreuses victimes. Le survol des localités fut interdit, et par voie de conséquence, il en fût de même pour l’édition de ce genre de cartes postales, qui d’ailleurs devenait de moins en moins rentable en raison du dépeuplement des campagnes au profit des grandes agglomérations.
Il existe de nos jours, des entreprises artisanales qui vous proposent de photographier votre domicile « vu du ciel » depuis un petit ballon aérostatique arrimé et télécommandé depuis le sol. C’est certainement moins dangereux, mais il est permis de douter que ces innovateurs fassent rapidement fortune.
Nous conclurons provisoirement ces lignes par une note d’espoir qui s’adresse à tous les collectionneurs de cartes contemporaines : il existe de nos jours, de nombreux photographes qui privilégient la qualité artistique de leurs travaux cartophiles. La difficulté pour l’acheteur étant de détecter leur production parmi le fatras de banalités qui s’offrent à leurs regards.
A vous de découvrir ces artistes inconnus aujourd’hui, mais qui seront peut-être les grands noms de demain.
FRIADT
0 31 janvier 2016Bonjour je me tourne vers vous pour savoir si il existe des tables ou autres formes qui référence toutes les cartes postales d’un éditeur. Je cherche à savoir si il existe chez Lapie dans la série « En avion au-dessus de … » un recensement de toutes les cartes qui constituent une série ? J’ai sur St-Léger-aux-Bois deux cartes ainsi nommées
En avion au-dessus de … 2 – Saint-Léger-aux-Bois vue générale et
En avion au-dessus de … 3 – Saint-Léger-aux-Bois vue générale
J’ai donc les cartes n°2 et n°3 je souhaiterai savoir si la n°1 et d’autres éventuelles, peut-être sur les villages voisins existent .
Pour d’autres éditeur je rencontre la même interrogation, constatant une rupture dans les numéros d’une série.
Avez-vous connaissance de ce genre de tables, recensement ?
Merci par avance guy.friadt@orange.fr
DEFLANDRE Christian
0 31 janvier 2016Pour répondre à votre question, à ma connaissance, il n’existe pas de catalogue, de répertoire, ou de de publication émanant des Éditions LAPIE qui répertorient l’ensemble des productions de cet éditeur, par ville, par localité. Si un tel document existait, il serait assurément signalé par des collectionneurs ou autres chercheurs.
Pour la deuxième partie de votre question et la série ; « En avion au-dessus de… », vous signalez posséder les cartes N°2 et N°3 sur Saint Léger aux Bois.. Je ne suis pas un spécialiste de Saint Léger aux Bois, cependant, en raisonnant par comparaison avec d’autres communes et après des années d’expérience, il ne fait aucun doute qu’il doit bien exister une carte N° 1 dans cette série. Pour autant que j’ai pu en voir, ces séries de cartes intitulées « En avion au-dessus de…) ont toujours eu des numéros qui se suivent et qui commencent au N°1, 2,3, 4 et ainsi de suite, les séries étant plus ou moins importantes selon l’importance des villes et de leur population.
Ces cartes sont apparues alors que l’âge d’or était achevé, peu de gens conservaient les cartes à cette époque,1950/1960. Elles sont parfois plus difficiles à dénicher que les cartes antérieures à la guerre 1914/1918.
Pour davantage de précision, vous devriez tenter de vous rapprocher des collectionneurs de votre région (par le biais de Clubs ou d’Associations) et peut être trouverez-vous davantage de précision auprès un collectionneur chevronné.
Cordiales salutations cartophiles. C.DEFLANDRE
FRIADT Guy
1 5 juin 2018Merci pour votre réponse, cordialement Guy FRIADT
GROUSSON Hélène
1 12 octobre 2018Bonjour,
Dans le cadre d’une exposition virtuelle à réaliser, j’ai sélectionné un certain nombre de cartes postales dites « semi-moderne ». Considérant la fourchette chronologique, ces documents peuvent encore être soumis à la protection des droits d’auteur (sur le photographe et/ou l’éditeur).
Connaissez-vous une publication, un site ou une structure qui pourrait répondre notamment pour les éditeurs suivants :
Édition du Sud Est (Marseille)
Les tirages modernes (image du coq)
Iris
La cigogne
G. Latigny…
Aves mes remerciements
DP
1 21 octobre 2019Bonjour,
Je travaille sur un documentaire vidéo sur la ville de Maubeuge, j’aimerai utiliser trois cartes postales signé « La cigogne ». Je n’arrive pas à trouver les ayants droits. Pouvez-vous me donner des informations ou un contact ?
Je vous remercie.
Deflandre Christian
1 22 octobre 2019Bonjour DP, Hélàs non je ne connais pas l’éditeur La Cigogne, il y e a eu plusieurs qui utilisaient ce nom. Je ne peux pas tout savoir. Peut -être faut-il chercher du côté de STRASBOURG pour cet éditeur. Cordialement, C.D.
Stéphane
1 3 mai 2021Bonjour Monsieur Deflandre,
Détenez vous des CPA sur La Grande Roue de Paris (1898/ 1921) construite pour l’exposition universelle de 1900
J’attends votre retour
Cordialement